Projet de tombeau pour Jean Trabach
Numéro d’inventaire :
2019.58.115
Date(s) :
Vers 1941
Technique(s) :
Dessin à la plume et encre noire, lavis d'encre noire, crayon graphite, aquarelle et gouache sur papier
Dimensions :
Hauteur en m. : 0,302 ; Largeur en m. : 0,499
Lieu de création :
France
Emplacement : b c
Description : Plume et encre noire
Transcription : TRABACH Jean / IL A JOUE ET D'UN COUP IL A TOUT PERDU / 1 FEVRIER 1940
Jean Trabach est caporal au 15e bataillon de chasseurs alpins lorsqu’il est tué au combat le 13 février 1940. Les circonstances de son décès lors d’une patrouille de nuit sont relatées dans le Journal de Marche du bataillon. Delpech est particulièrement marqué par la mort de Trabach, car elle constitue pour lui une véritable plongée dans la réalité de la guerre. Jusqu’ici, le 15e bataillon de chasseurs alpins travaillait à des ouvrages de béton sur la frontière italienne. Puis, jusqu’à la fin du mois de décembre 1939, à Ambly-Fleury, il effectue une période de formation, avant de monter en ligne. C’est dans les Vosges qu’il connaît son baptême du feu. Trabach est l’un des premiers camarades de Delpech à tomber. Ce décès a suffisamment marqué l’artiste pour qu’il en fasse mention dans son « Journal de guerre » et imagine deux dessins différents pour un projet de tombeau. Ici, Delpech s’inspire des tombeaux de la Renaissance florentine et peut-être de la partie supérieure du tombeau de Michel-Ange dans l’église Santa Croce qui présente une scène centrale peinte surmontée d’un fronton triangulaire, et encadrée de chaque côté par des volutes. Des motifs géométriques viennent compléter l’ensemble. Le papier semble coupé dans sa partie inférieure, laissant supposer qu’une autre partie venait peut-être le compléter pour former un ensemble. Au centre, la scène principale montre la fusillade et, au premier plan, Jean Trabach au sol, deux autres camarades blessés non loin derrière. Deux dés et leur gobelet sont dispersés près du corps, renvoyant au titre inscrit par Delpech dans le cartouche : « Il a joué et d’un coup il a tout perdu », probable allusion aux soldats romains qui jouaient aux dés au pied de la croix où le Christ fut crucifié. Si le style semble naïf et moins maîtrisé que dans d’autres œuvres, ce sujet a suffisamment été important pour qu’il en donne une seconde version, également datée de 1941, conservée aujourd’hui à La Contemporaine – musée des mondes contemporains de Nanterre. Cette composition présente en son centre un portrait de Trabach de profil devant un paysage de montagnes, encadré de soldats tenant des fusils.
Boudou-Reuzé Hélène, Desserrières Laëtitia, Jean Delpech, l’œuvre de guerre. Dessins et gravures du musée de l’Armée, Paris, musée de l’Armée / In Fine, 2022
jean Delpech, Projet de tombeau pour Jean Trabach, 1941, Nanterre, La Contemporaine — Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains, inv. D 67988 (OR 4143)
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