Emplacement : b d
Description : Gouache
Transcription : J. DELPECH. 45

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Emplacement : Verso
Description : Plume et encre noire : papier de remploi montrant les courbes du marché du charbon

Jean Delpech présente ici un trophée de guerre. Reprenant la tradition du trophée antique, consistant à suspendre les armes des ennemis défaits à un arbre sur le champ de bataille, l’artiste montre un assemblage d’éléments constitutifs de l’équipement de la Wehrmacht : l’uniforme comprenant le casque modèle 35, la veste, le pantalon, les gants et les bottes. L’équipement est également représenté avec le masque à gaz et son étui, le quart et la cantine, deux musettes à pain (Brotbeutel 31). L’armement occupe une place importante, avec deux modèles de lance-grenades antichars (Panzerfaust), suspendus à la verticale de chaque botte, et, à l’arrière-plan, la forme horizontale de la Maschinengewehr 34, ou MG 34, qui vient compléter la composition. Le trophée est placé sous la garde de deux goumiers marocains en armes. Ces soldats, appartenant à des unités d’infanterie légères de l’armée d’Afrique composées de troupes autochtones marocaines, ont notamment participé à la campagne d’Italie puis d’Allemagne. Delpech joue ici sur la symétrie en positionnant deux mines antichars (Tellermine 35 Stahl), reconnaissables à leur forme ronde, deux dagues et deux musettes. Par son mouvement de courbe, la longue courroie de munitions vient casser la verticalité. La composition, savamment orchestrée, donne à cet assemblage une grande plasticité accentuée par l’usage de couleurs saturées, peu nombreuses et appliquées en aplats, qui viennent rythmer l’image. Ainsi, le jaune de la courroie de munitions se retrouve sur les mines et sur les deux modèles de Panzerfaust sur les côtés. L’utilisation des sangles en cuir permet de faire le lien entre tous ces éléments et de combler les vides. Ce dessin appartient à une série dessinée et gravée, dans laquelle l’artiste revisite cette notion de trophée de guerre en proposant des recompositions à partir de matériel et d’armement militaires. À la foi réminiscence purement iconographique à la figure iconique du Christ en croix entouré des deux soldats romains, l’oeuvre porte aussi un discours sous-jacent qui place autour des dépouilles allemandes des soldats de « couleur », que les Allemands considéraient comme des « sous-hommes ».

Boudou-Reuzé Hélène, Desserrières Laëtitia, Jean Delpech, l’œuvre de guerre. Dessins et gravures du musée de l’Armée, Paris, musée de l’Armée / In Fine, 2022