Dans l’immédiat après-guerre, Jean Delpech réalise plusieurs œuvres de pure imagination marquées par le motif du trophée. Ces dessins et estampes d’une grande originalité mêlent à la fois armement militaire, représenté avec exactitude, et références religieuses ou mythologiques. Reprenant la tradition du trophée antique, consistant à suspendre les armes des ennemis défaits à un arbre sur le champ de bataille, l’artiste montre un assemblage d’éléments constitutifs de l’équipement de la Wehrmacht. Mais il le détourne du motif initial du trophée pour en faire une sorte d’épouvantail. Il crée aussi des assemblages thématiques sur l’aviation et la marine. Il invente également le mausolée imaginaire d’un conducteur de blindé et d’un parachutiste, mêlant des représentations d’équipements militaires et des symboles funéraires. Les compositions savamment orchestrées confèrent une grande plasticité. L’artiste met en avant ses références stylistiques et artistiques puisées aussi bien dans la culture asiatique que dans l’iconographie médiévale ou de la Renaissance. Véritables « inventions graphiques », ces œuvres constituent une réflexion passionnante sur les dimensions mémorielles et émotionnelles des monuments commémoratifs.